mercredi 2 juillet 2014

Embarquement immédiat

La vie est n’est pas une boite de chocolat.
Elle est faite de choix, ceux que l’on subit et ceux que l’on impulse. Ils se complètent ou se contredisent mais ils mènent à la vie, celle du quotidien aussi bien que des envies ou des projets.
On dit aussi qu’il n’est pas de hasards, il est des rendez-vous. Pas de coïncidences.
Ce premier voyage devait manifestement s’inscrire comme ça. Comme une fatalité, non comme le destin que l’on subit mais comme celui auquel on ne peut échapper. Celui maintes fois évoquées et jusqu’alors jamais concrétisé. Celui d’une escapade à deux, sans personne. Florence, Milan, s’il y a le temps, week-end rital. (…) variet’ mélo à la radio…
Les missions sont assignées. Les rôles n’ont pas à l’être. A lui la logistique, la domination, les punitions et les récompenses, la responsabilité de la combler. A elle les traductions, la soumission, l’obéissance et le devoir de le satisfaire.
D’abord ce quai de gare qui les attend. Peu de mots et encore moins de gestes. La descente du wagon signait pour elle un accord implicite pour les jours à venir.
Une valise glissée dans un coffre et une voiture qui file vers l’aéroport. Un check-in rapide, deux sièges côte à côte et l’avion qui franchit les Alpes. Elle ne dit rien. Elle sourit. Elle goûte le moment. Elle en connait également les enjeux.
La littérature qu’elle écrivait lui avait longtemps donné envie de Florence, de l’Arno et du dôme. Les souvenirs qu’elle y avait attachés et la présence du Pitti Uomo lui avaient failli le faire incliner pour Milan. Ce fût finalement l’adriatique et Trieste, loin du baroque tapageur ou de l’austérité. Une envie farouche aussi de retrouver ce charme décrit par Joyce, les pas de Mathias Sandorf ou le Bora.
La suite ressemblait à un descriptif de formule de vacances en club : 5 jours, 4 nuits, demi-pension, liste des activités. C’est là qu’était la ligne de fracture, la liste des activités. A l’instar d’un club de vacances elles étaient diurnes aussi bien que nocturnes, mais certaines ici échappaient tout à fait à cette distinction. Une fois franchies les portes de l’hôtel elle perdait la plus grande part de son libre arbitre et devenait sienne à toute heure du jour ou de la nuit, au gré de ses envie et fantaisies. D’un café encore fumant apporté à la table du petit déjeuner à un ordre incongru claquant à l’improviste en passant par de plus « traditionnelles » séances le soir venu.
Apercevoir un instant les premiers contreforts des Balkans dans la douceur du soir et peu de temps après ramper à ses pieds à demi nue, exhibant à la demande le moindre recoin de ses chairs en attendant un signe ou un geste.
Le décor était délicieux, la compagnie encore plus et les huis clos parfois publics. La bulle s’était rouverte pour quelques jours, terrain de jeux et de limites.

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