Passer devant son bureau. S’approcher
doucement. Lui glisser à l’oreille discrètement : « Il est 15h30. A 15h45,
précises, tu iras aux toilettes. Tu relèveras immédiatement ta robe et
commenceras à te caresser. Au moment où tu jouiras tu te prendras en photo et
tu me l’enverras. Tu resteras enfermée dans les toilettes jusqu’à ce que la
photo envoyée me satisfasse et que j’y voie distinctement la marque de mon
plaisir dans tes yeux révulsés par la jouissance. Tu ne te laveras pas les
mains avant de retourner à ton poste de travail, sauf si je te demande de te
lécher les doigts. Tu me remercieras de te permettre de t’assumer comme la traînée que tu es ».
jeudi 28 janvier 2016
vendredi 15 janvier 2016
Eyes wide what ?
Tous. Ils ont tous la même prétention. Ils
croient tous qu’ils vont recréer cette atmosphère dingue et subtile. Recréer ce
moment de grâce totale et de dépravation absolue. Faire revivre, au mieux dans
une chambre ou un salon parsemé ça et là de quelques bougies ou éclairages « spéciaux »,
le décor incroyable d’un manoir fin 19ème des Hamptons. Ils pensent
qu’il ne suffira que d’une bande sonore (généralement mal maîtrisée) depuis
Deezer pour remplacer ce pianiste aux yeux bandés et ce maître de cérémonie qui
ponctue les accords plaqués de ces coups de canne. Ils en parlent comme si c’était
le Saint Graal, la quête ultime de leurs préoccupations d’adultes qui se
veulent libres. Ils en parlent avec des trémolos dans la voix, comme si ce film
avait été un reportage en caméra subjective, filmé à l’aide d’une mini caméra
plaquée sur un torse. Ils en parlent comme s’ils croyaient sincèrement que ces
milieux affranchissaient des classes, castes et ségrégations sociales. Il s’y
voient déjà… Ils vous raconteront qu’ils ont de toute façon autant de prestance
que Tom Cruise dans leur smocking de location et que les Martin qu’ils ont
rencontrés l’été dernier sont tout aussi sympathiques que les mannequins / actrices
étaient belles.
Madame s’est occupée de trouver les
masques sur internet, avec une livraison par « pli discret ». Monsieur
a réservé le gite à peu de distance de la maison, assez pour ne croiser
personne, assez peu pour rentrer rapidement au cas où les grands-parents
appelleraient pour signaler un problème de santé des enfants. Ils en parlent
depuis des semaines et ne manquent jamais une occasion de cligner des yeux sur
un air entendu quand ils croisent les Martin. Madame a prolongé son surf sur
internet sur des sites où elle espérait que les enfants n’iraient jamais pour
se mettre en valeur autant qu’en appétit, Monsieur a décidé depuis déjà deux
semaines de passer au fromage blanc à zéro pourcent au restaurant d’entreprise
afin de faire son petit effet avec sa cape.
Madame serait devenue riche si on lui
avait donné dix euros à chaque fois qu’elle avait demandé à Monsieur « tu
es sûr » depuis qu’il avait émis cette brillante idée. Monsieur serait
devenu riche si on lui avait donné dix euros à chaque fois qu’il lui avait
répondu « de quoi », tellement l’affaire était entendue pour lui.
Et ils s’étaient pris au jeu. Il s’était
vu en médecin de l’Upper West Side et elle s’était sentie prête à tout plaquer
à l’instant même en croisant un beau marin dans le hall d’un hôtel imaginaire. Ils
s’étaient demandés pourquoi ils ne remplaceraient pas le Scenic par un Range
Rover. D’occasion, ça pouvait bien se trouver pas trop cher et puis, le Scenic,
ça se revend bien il parait.
C’était devenu leur petit plaisir. Leur échappatoire
quand la chair est triste et les après dîners un peu trop longs. Ce compte à
rebours qui s’égrenait avait remplacé le calendrier scolaire. Ce week-end qui s’annonçait,
c’était un peu les week-ends de Marcel Pagnol dans ses « chères collines ».
Dans leurs « chairs » collines faudrait-il ici préciser.
Ils le tenait leur remake !
TBC…
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