vendredi 7 juin 2013

L'initiation

Une conversation récente avec un Maître me permettait de découvrir son mode de « fonctionnement » dans les relations BDSM et la distinction qu'il peut être amené à opérer entre l’initiation d’une femme à ces pratiques durant un laps de temps déterminé et le fait d’avoir une soumise attitrée avec qui il tisse une relation dans la durée.

J’ai trouvé cette distinction très pertinente. L’intérêt de la relation BDSM peut en effet être appréhendé comme une forme particulière de sexualité, à la marge des pratiques communément admises, et jouant de ressorts physiques et psychiques différents.
C’était l’idée d'un post précédent sur ce sujet, qui aurait tout aussi bien pu s’intituler « pour vivre heureux vivons cachés ».

L’initiation peut aussi être une découverte, au-delà d’une simple expérience ponctuelle ou de la réalisation d'un fantasme.

La découverte de l’autre, de sa façon de réagir, de ce qu’elle apprécie et/ou redoute.
Cette découverte qui permet à la soumise de s’abandonner de plus en plus, jusqu’au plus complet don de soi.
Cette découverte qui permet au Maître de mieux percevoir les attentes de sa soumise et de tenter d’y répondre au mieux pour recueillir la quintessence de ce qu’elle a à lui offrir.

L’initiation prend alors une autre tournure car il s’agit d’un cheminement de deux personnes vers une relation qui s’inscrit dans la durée.

Elle met en œuvre d’autres sentiments.

Le niveau d’abandon souhaité par le Maître n’est en effet jamais sans conséquences et ne peut s’appréhender, pour ce qui me concerne, que dans le cadre d’une relation plus complète.

Une relation qui n’est pas neutre, qui ne peut pas l’être. Une relation qui met en œuvre de l’attachement de l’un envers l’autre. Une relation où l'attachement peut se muer au fil du temps en des sentiments plus forts. Parfois en des sentiments, tous simplement.

Comment en serait-il autrement quand on se donne corps et âme à autrui dans le seul but de Lui faire plaisir et de le contenter ?
Comment rester de marbre face à ce don et ne pas ressentir en retour un lien qui va au-delà de l’emprise que l’on exerce ?

Une autre initiation commence alors parfois : celle d’une relation entre deux êtres humains, transcendant - sans l'occulter - la seule domination ou soumission.

jeudi 6 juin 2013

Les "initiés"

Jacques Vergès écrit dans son Dictionnaire amoureux de la justice : « N’avouez jamais que vous aimez Céline, vous serez traité d’antisémite par une bande d’imbéciles incultes ».
C’est vrai. Céline est un merveilleux écrivain et ses œuvres traversent les années malgré le comportement de l’homme.

Je ne dirais pas qu’il ne faut jamais rien avouer mais profitons de l’abolition définitive de la torture par louis XVI en 1788 (la « question préalable » ayant quant à elle été déjà abolie en 1780) pour garder pour soi certains penchants et éviter les jugements d’autrui sur certains comportements, même si une récente trilogie littéraire semble avoir banalisé le BDSM.

Semble seulement… Faites le test, vous verrez. Vous reviendrez toujours aux mêmes clichés grossiers et vulgaires, aux mêmes jugements de valeur. Même entre hommes quand certains se lancent dans les plaisanteries salaces, vous verrez, les conversations s'arrêtent net... Les regards se braquent et le doute s'installe...

Evoquer ces penchants de très loin parfois, y penser souvent, en parler jamais. A une exception, entre « initiés », même si je ne goûte pas ce mot et les sous-entendus péjoratifs qu’il peut véhiculer.

Les « initiés » doivent alors être compris pour moi comme une population qui comprend et ressent ce que l’on recherche dans le BDSM. Une population qui recherches certaines sensations sexuelles bien entendu, mais pour qui le plaisir va bien au-delà de la seule relation charnelle.
Une population qui recherche un plaisir cérébral – de contrainte ou de soumission selon les cas – avant toute chose et pour qui un cheminement intellectuel est tout aussi important qu’un rapport sexuel.
Une population pour qui le but est autant dans ce chemin que dans l’atteinte du but.

On y trouvera les mêmes stéréotypes que dans la vie quotidienne, avec des personnes de confiance, des mythomanes ou des profiteurs par exemple. Il faut faire avec, c’est la loi du genre humain. Ceux-là sont heureusement la plupart du temps faciles à cerner si on fait attention à prendre certaines précautions.

Mais on y trouve parfois également quelques pépites qui font vibrer les cordes les plus profondes et les plus sourdes que l’on ait en soi. On y trouve parfois des gens avec qui échanger en toute simplicité autour d’un thé sur les mérites respectifs de la domination et de l’abandon ainsi que la plénitude que l’on en retire. On y trouve plus rarement des gens que l’on n’attendait pas dans sa vie et qui vous poussent à vous dépasser encore d’avantage…

C’est là que le plaisir prend une autre dimension, c’est là où la majorité de nos fréquentations quotidiennes ne comprendraient pas et n’y verraient que de l’avilissement ou de la vulgarité.

C’est là que la frontière entre deux faces de la même pièce se trace et que mon autre vie commence. C’est là que le chemin commence à être intéressant.


samedi 1 juin 2013

Double sens


Parfois les mots ont un sens différent de ceux pour lequel ils ont été écrits.

Ils se sentirent unis par un lien qui fut pour lui, la chose du monde la plus délicieuse, pour elle le signe d'un esclavage qu'elle chérissait de plus en plus. (...)

« Tu me feras beaucoup souffrir, j'en suis sure, et j'accepte d'avance et avec joie toutes ces douleurs qui me viendront de toi. » "

Maurice Leblanc « La comtesse de Cagliostro »